En quoi cette excroissance fait-elle sens? En zoomant sur la région on constate que cette pointe donne à la Bolivie l'accès au fleuve Paraguay. Dès lors on se souvient que la Bolivie n'a plus d'accès à la mer depuis le XIXème siècle, difficile de ne pas faire le lien entre la perte du littoral et cette excroissance.
Ayant perdu son accès à la mer, la Bolivie a sans doute jugé utile de garder un accès au fleuve Paraguay, qui débouche dans l'estuaire du Rio de la Plata. On note qu'à Puerto Suarez la Bolivie pourrait également avoir un accès au fleuve Paraguay, par un bras de fleuve... mais peut-être la région n'est-elle pas suffisamment navigable à ce niveau du fleuve?
- Pas de frontière bolivienne pour l'État d'Amazonas? De si peu...
Sur cette extrait de carte, on peut voir:
- au nord l'État brésilien d'Amazonas
- à l'est l'État brésilien de Rondônia
- à l'ouest l'État brésilien d'Acre
- au sud de la zone surlignée, en blanc, la Bolivie
De fait, l'État brésilien d'Amazonas manque de quelques kilomètres la frontière avec la Bolivie, ou autrement dit les États brésiliens d'Acre et de Rondônia se touchent-ils de justesse... Hasard ou coïncidence?
Comme on le verra également un peu plus loin, les frontières intra-étatiques brésiliennes semblent parfois liées aux frontières internationales du pays.
Il est bon de rappeler la dimension continentale du Brésil, et en conséquence la difficulté à gouverner un tel espace. D'autre part, ce grand pays a dans son histoire régulièrement été confronté à des tentatives plus ou moins réussites de sécession, généralement endogènes.
Si ces tentatives n'ont pas eu de conséquences effectives, le vaccin a sans doute fait son effet et diverses mesures préventives et officieuses auraient été adoptées. Parmi ces mesures, celle de morceler les grands États tels que:
- Goiás, désormais Goiás et Tocantis
- Mato Grosso, désormais Mato Grosso et Mato Grosso do Sul, et en partie le Rondônia
- Amazonas, désormais Amazonas ainsi que Roraima et en partie le Rondônia
Dès lors, le démembrement de ces États et le dessin de nouvelles frontière ne pouvait être que politique voire géopolitique. Pourquoi l'État d'Amazonas ne pourrait pas avoir une frontière avec la Bolivie? Ou plutôt, pourquoi faire garder cette frontière par des petits États comme le Rondônia et l'Acre?
Point de réponses, mais des hypothèses relevant d'une sorte de théorie du Containment/Endiguement à la brésilienne:
1) Mieux vaut faire garder les frontières par des États petits et maniables, plutôt qu'à un État grand et divisé
2) Heureuse conséquence historique: plus la perle du Brésil, l'Amazonie, sera entourée, moins elle sera vulnérable à une intrusion extérieure (syndrome de Cisplatine?)
3) Morceler les grands États morcèle également les tentatives sécessionnistes et/ou de rébellion, et d'autant plus si la mouvance est exogène
- Frontière France/Brésil, la Guyane "contenue" par l'Amapá?
La frontière entre le Brésil et la France se fait presqu'exactement avec la frontière entre la Guyane et l'Amapá. Cet État ci présente une excroissance qui fait que la Guyane française "manque" de peu la frontière avec le grand État du Pará.
Doit-on y voir de nouveau une application de la possible théorie du
Containment présentée plus haut? Les Français auraient-ils jamais eu de vues sur le territoire aujoud'hui incarné par l'Amapá? Pensez-vous !
Pour terminer ce billet, mes hommages au
Baron de Rio Branco, sans doute le plus grand personnage dans l'Histoire de la Géopolitique brésilienne.
Ouf, je passe la parole !