lundi 12 octobre 2009

Brésil, le Dessous des Cartes


Après quelques billets sur des sujets aussi rigoureux que la Blondeur et la Passion, je traiterai aujourd'hui de quelques aspects de la Géographie sinon de la Géopolitique du Brésil.

En premier lieu, voici une carte politique du Brésil ainsi que les zones que je souhaite traiter en ce jour:

  • Le District Fédéral brésilien n'est pas une enclave... mais une semi-enclave !
On le voit sur ce zoom, le District Fédéral possède une excroissance qui lui permet d'atteindre l'État de Minas Gerais. De fait, la frontière entre les deux entités n'est que de deux kilomètres.

Quelle est la raison à cette excroissance? Deux possibles explications:

1) La plus probable: Juscelino Kubitchek, "l'envoyé" de Jean Bosco et président mandataire de la tant attendue Brasília , était natif de Minas Gerais

2) Une explication plus allégorique. Cet exercice de style dans le dessin des frontières du District Fédéral est peut-être à l'image du rôle contradictoire dédié à Brasília: une ville devant inaugurer un mouvement vers l'intérieur du Brésil dans un pays historiquement tournée vers le littoral.

L'État de Minas Gerais appartient au groupe des États du Sud-Est, tandis que Goiás appartient à ceux du Centre-Ouest. Faire en sorte que le District Fédéral ne perde pas le "contact" avec le Sud-Ouest symboliserait-il un Brésil ne voulant pas perdre pied avec son passé, sans pour autant compromettre la pousée dans le "farwest".

  • La Bolivie atteint le rio Paraguay... du bout du doigt:
En quoi cette excroissance fait-elle sens? En zoomant sur la région on constate que cette pointe donne à la Bolivie l'accès au fleuve Paraguay. Dès lors on se souvient que la Bolivie n'a plus d'accès à la mer depuis le XIXème siècle, difficile de ne pas faire le lien entre la perte du littoral et cette excroissance.

Sur wikipedia on trouve une carte avec une perspective historique fort explicative. On y constate que la Bolivie est un pays ayant été découpé par ses aimables voisins. On y constate également que l'excroissance en question est une réminescence de ces découpages.

Ayant perdu son accès à la mer, la Bolivie a sans doute jugé utile de garder un accès au fleuve Paraguay, qui débouche dans l'estuaire du Rio de la Plata. On note qu'à Puerto Suarez la Bolivie pourrait également avoir un accès au fleuve Paraguay, par un bras de fleuve... mais peut-être la région n'est-elle pas suffisamment navigable à ce niveau du fleuve?

  • Pas de frontière bolivienne pour l'État d'Amazonas? De si peu...
Sur cette extrait de carte, on peut voir:
- au nord l'État brésilien d'Amazonas
- à l'est l'État brésilien de Rondônia
- à l'ouest l'État brésilien d'Acre
- au sud de la zone surlignée, en blanc, la Bolivie

De fait, l'État brésilien d'Amazonas manque de quelques kilomètres la frontière avec la Bolivie, ou autrement dit les États brésiliens d'Acre et de Rondônia se touchent-ils de justesse... Hasard ou coïncidence?

Comme on le verra également un peu plus loin, les frontières intra-étatiques brésiliennes semblent parfois liées aux frontières internationales du pays.

Il est bon de rappeler la dimension continentale du Brésil, et en conséquence la difficulté à gouverner un tel espace. D'autre part, ce grand pays a dans son histoire régulièrement été confronté à des tentatives plus ou moins réussites de sécession, généralement endogènes.

Si ces tentatives n'ont pas eu de conséquences effectives, le vaccin a sans doute fait son effet et diverses mesures préventives et officieuses auraient été adoptées. Parmi ces mesures, celle de morceler les grands États tels que:
- Goiás, désormais Goiás et Tocantis
- Mato Grosso, désormais Mato Grosso et Mato Grosso do Sul, et en partie le Rondônia
- Amazonas, désormais Amazonas ainsi que Roraima et en partie le Rondônia

Dès lors, le démembrement de ces États et le dessin de nouvelles frontière ne pouvait être que politique voire géopolitique. Pourquoi l'État d'Amazonas ne pourrait pas avoir une frontière avec la Bolivie? Ou plutôt, pourquoi faire garder cette frontière par des petits États comme le Rondônia et l'Acre?

Point de réponses, mais des hypothèses relevant d'une sorte de théorie du Containment/Endiguement à la brésilienne:
1) Mieux vaut faire garder les frontières par des États petits et maniables, plutôt qu'à un État grand et divisé
2) Heureuse conséquence historique: plus la perle du Brésil, l'Amazonie, sera entourée, moins elle sera vulnérable à une intrusion extérieure (syndrome de Cisplatine?)
3) Morceler les grands États morcèle également les tentatives sécessionnistes et/ou de rébellion, et d'autant plus si la mouvance est exogène

  • Frontière France/Brésil, la Guyane "contenue" par l'Amapá?

La frontière entre le Brésil et la France se fait presqu'exactement avec la frontière entre la Guyane et l'Amapá. Cet État ci présente une excroissance qui fait que la Guyane française "manque" de peu la frontière avec le grand État du Pará.

Doit-on y voir de nouveau une application de la possible théorie du Containment présentée plus haut? Les Français auraient-ils jamais eu de vues sur le territoire aujoud'hui incarné par l'Amapá? Pensez-vous !

Pour terminer ce billet, mes hommages au Baron de Rio Branco, sans doute le plus grand personnage dans l'Histoire de la Géopolitique brésilienne.

Ouf, je passe la parole !

vendredi 11 septembre 2009

De la blondeur au Brésil

Qu'est-ce donc qu'être blond ? Au Brésil, être blond c'est être tout sauf brun et roux... c'est à dire châtain aussi ! Souvent dans les discussions ici, être blond s'apparente aussi à etre châtain-clair voire tout simplement châtain.

La nuance vient probablement du fait que comme dans beaucoup de pays latino ou encore maghrebins, le Brésil ne compte qu'une bien petite minorité de "vrais" blonds, une infinité de blonds "platine", et d'ailleurs quasiment pas de roux. La carte ci-dessous illustre les études de Peter Frost sur le sujet de la blondeur appliquées au territoire européen et à sa proche périphérie:

D'autre part, la blondeur est largement plus présente en occident, particulièrement aux États-Unis, or ce que l'on voit sur le petit écran ou au cinéma est en grande partie en provenance de ces contrées. En consequence, la blondeur est dans un pays comme le Brésil une notion à la fois relativement absente (dans les faits) et malgré tout présente (dans les mœurs). De même, sa rareté de facto fait qu'elle est très valorisée, la brésilienne étant davantage brune qu'autre chose.

Étant donné l'importance donnée à la blondeur ici, et sa relative absence du territoire brésilien, l'acception de blondeur a probablement subi une extension abusive. Cette extension abusive a peut-être été la conséquence de la réalité dictée par les médias occidentaux (télévisions, cinémas) et a fini par recouvrir une réalité plus large que ce qu'elle devrait... Un peu comme s'il fallait inconsciemment retrouver un quota de blondeur dans son propre pays afin de coller aux critères occidentaux ?

L'extension de la blondeur s'est logiquement fait du coté du châtain : tout ce qui est châtain-clair ou légèrement éclairci, naturel ou pas, complètement ou par endroits... est consideré comme blond.

Voila pourquoi, entre nous, ma compagne brésilienne est considerée comme blonde au Brésil, et dont la chevelure est en France odieusement "retrogradée" au rang de châtain-clair. À vous de juger avec ce maladroit découpage de sa dernière apparition dans Voici / Cara (lol) :


Par ailleurs et histoire d'éculer ce que certains savent peut-être déjà, en Amérique du Sud et au Brésil plus on descend vers le sud et plus la blondeur se fait réellement présente. Il n'y a qu'à voir Gisele Bunchen pour s'en convaincre, celle-ci est originaire du Sud du Brésil.

Le constat de la blondeur est valide dans l'autre sens: une francaise blonde au sens francais du terme, qui voyagerait au Bresil pourra y avoir la certitude d'y être remarquée ! Et une française à la chevelure passerait possiblement ici pour une blonde. Mutatis mutandis, mes amies françaises et/ou européennes ayant habitée au Maroc pouront confirmer cet état de fait.

Un mot en passant sur la chevelure de la femme brésilienne : les brésiliennes ne cachent son importance dans leur pays, c'est un aspect de la féminité encore plus fort ici qu'ailleurs. Idéalement au Brésil, la chevelure féminine doit être lisse, longue, et bien sûr si possible blonde.

Une chevelure qui respecterait de tels critères aurait de fortes chances d'aider la dame à accéder à un certain niveau social. Le constat peut paraître machiste mais il là qu'un regard amusé sur la différence. Il est amusant de constater la fréquence à laquelle les hommes des classes supérieures paradent accolés à des compagnes d'une blondeur qui n'a rien à envier à celle d'une poupée barbie ! Attention, je n'ai pas dis que ceux-là paradent avec des barbies.

Quoiqu'il en soit, profitons de la blondeur mais avec modération, après tout, la blondeur est paraît-il une contingence et elle est peut-être vouée à disparaître vers 2200 de notre ère. Et puis, qui pourrait se passer de nos chères têtes blondes?

mercredi 26 août 2009

Le véritable Péril Brésilien

Le Brésil ne compte guère de grands dangers :

- pas de danger avec les tsunamis, quoiqu'une longue et grosse vague appelée pororoca remonte bien le fleuve de l'Amazone depuis son embouchure,

- pas de danger avec les séismes, quoique la terre parfois s'écroule sur la route entre Rio de Janeiro et Santos, la Rio-Santos, voire sur le métro paulistano et sa ligne jaune quand l'étude préalable du terrain a mal été menée,


- pas de danger avec l'eau en général, quoiqu'il y a bien quelques vidourlades et innondations de temps en temps au Santa Catarina ou en Amazonie. Mais il faut bien se mettre à la place de celle-ci, les désastres ne sont qu'une réaction épidermique aux agressions en tout genre : barrages, déforestation, etc.



- pas de danger avec les cyclones et grands vents, quoiqu'il y a bien parfois quelques grosses tempètes sur le littoral du sud du pays...


- pas de danger de températures extrêmes non plus, quoique Manaus et Cuiabá sont considérées comme des villes au climat très très chaud.


Non le plus grand péril est ailleurs, vilement préparé pendant cinq siècles, cette force majeure n'est autre que:

La Femme Brésilienne !


C'est un fait qui, par son ampleur et son importance, mérite que l'on s'y penche quelque peu, la femme brésilienne c'est un peu de tout ça :

- cela péril survient avec une fréquence élevée, bien plus élevée que l'on ne l'imagine. Cela arrive souvent, il se murmure que des millions y succombent,

- c'est un chant de sirène qui vient à bout de bien des corsaires, même l'Ulysse le plus libre ne saurait trop se méfier de ce chant de sirènes, capable de faire chavirer les navires et les cœurs,

- c'est une mélodie qui pacifie _ sous condition de naufrage _ contrairement à la version d'Homère dans l'Odyssée,

- ce péril revêt une importance sous-estimée dans la société brésilienne, et un peu aussi il est vrai dans l'image que l'on peut en avoir à l'étranger,

- c'est un changement majeur dans la vie de ceux qui doivent y être confrontés. Etant donné que le divorce n'est guère envisageable au Brésil pour motif religieux, ce "péril brésilien" n'est pas censé arriver trop souvent et donc il se doit d'être majeur,

Enfin, Oscar Niemeyer lui-même confirme implicitement cette puissante emprise, indiquant que les lignes courbes et sensuelles de ses oeuvres sont un hommage au corps de la Femme Brésilienne.


Bien sûr, je dédie ce billet à ma tendre sirène, et remercie Circé de m'avoir omis.

lundi 3 août 2009

Inégalités sociales au Brésil

Commencer un blog en critiquant les aspects négatifs du Brésil n'est pas mon propos, néanmoins je souhaite commenter l'aspect le plus frappant de ce pays dans lequel je réside.

Au-delà de grands discours, une simple photo est bien plus explicite:


Selon l'indice de Gini, le Brésil est quasiment le pays présentant les plus fortes inégalités en terme de concentration de richesse, à ce niveau de développement. Pour mieux saisir l'importance de l'indice Gini, plus d'informations sont disponibles sur wikipédia.

Le Brésil se situe à un niveau de 59,1 et pour ce niveau de développement, seule l'Afrique du Sud se situe à un tel sommet, avec 59,3.

Il est surprenant de voir que ces deux pays sont arrivés à ce triste résultat alors même qu'ils ont une histoire de négation de leur peuples africains: le parallèle est inévitable et la comparaison pourra faire l'objet d'un autre billet.

Macabre compétition que se livrent indirectement ces deux challengers, à la différence près que le peuple brésilien semble avoir un degré d'acceptation bien plus grand de ce genre d'inégalité.

Pour autant, les chiffres ne doivent pas cacher la solidarité qui existe, notamment la solidarité familiale.

PS: Merci à Henrique Galvão pour le cliché.

dimanche 12 avril 2009

Bienvenue au Brésil

São Paulo

Voici le premier cliché que j'ai pris quand je suis arrivé en 2005 au Brésil.

Je n'y avais pas encore posé les pieds que je ne pouvais qu'en constater la démesure :


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