Après quelques billets sur des sujets aussi rigoureux que la Blondeur et la Passion, je traiterai aujourd'hui de quelques aspects de la Géographie sinon de la Géopolitique du Brésil.
En premier lieu, voici une carte politique du Brésil ainsi que les zones que je souhaite traiter en ce jour:
- Le District Fédéral brésilien n'est pas une enclave... mais une semi-enclave !
On le voit sur ce zoom, le District Fédéral possède une excroissance qui lui permet d'atteindre l'État de Minas Gerais. De fait, la frontière entre les deux entités n'est que de deux kilomètres.
Quelle est la raison à cette excroissance? Deux possibles explications:
1) La plus probable: Juscelino Kubitchek, "l'envoyé" de Jean Bosco et président mandataire de la tant attendue Brasília , était natif de Minas Gerais
2) Une explication plus allégorique. Cet exercice de style dans le dessin des frontières du District Fédéral est peut-être à l'image du rôle contradictoire dédié à Brasília: une ville devant inaugurer un mouvement vers l'intérieur du Brésil dans un pays historiquement tournée vers le littoral.
L'État de Minas Gerais appartient au groupe des États du Sud-Est, tandis que Goiás appartient à ceux du Centre-Ouest. Faire en sorte que le District Fédéral ne perde pas le "contact" avec le Sud-Ouest symboliserait-il un Brésil ne voulant pas perdre pied avec son passé, sans pour autant compromettre la pousée dans le "farwest".
- La Bolivie atteint le rio Paraguay... du bout du doigt:
En quoi cette excroissance fait-elle sens? En zoomant sur la région on constate que cette pointe donne à la Bolivie l'accès au fleuve Paraguay. Dès lors on se souvient que la Bolivie n'a plus d'accès à la mer depuis le XIXème siècle, difficile de ne pas faire le lien entre la perte du littoral et cette excroissance.
Sur wikipedia on trouve une carte avec une perspective historique fort explicative. On y constate que la Bolivie est un pays ayant été découpé par ses aimables voisins. On y constate également que l'excroissance en question est une réminescence de ces découpages.
Ayant perdu son accès à la mer, la Bolivie a sans doute jugé utile de garder un accès au fleuve Paraguay, qui débouche dans l'estuaire du Rio de la Plata. On note qu'à Puerto Suarez la Bolivie pourrait également avoir un accès au fleuve Paraguay, par un bras de fleuve... mais peut-être la région n'est-elle pas suffisamment navigable à ce niveau du fleuve?
- Pas de frontière bolivienne pour l'État d'Amazonas? De si peu...
Sur cette extrait de carte, on peut voir:
- au nord l'État brésilien d'Amazonas
- à l'est l'État brésilien de Rondônia
- à l'ouest l'État brésilien d'Acre
- au sud de la zone surlignée, en blanc, la Bolivie
De fait, l'État brésilien d'Amazonas manque de quelques kilomètres la frontière avec la Bolivie, ou autrement dit les États brésiliens d'Acre et de Rondônia se touchent-ils de justesse... Hasard ou coïncidence?
Comme on le verra également un peu plus loin, les frontières intra-étatiques brésiliennes semblent parfois liées aux frontières internationales du pays.
Il est bon de rappeler la dimension continentale du Brésil, et en conséquence la difficulté à gouverner un tel espace. D'autre part, ce grand pays a dans son histoire régulièrement été confronté à des tentatives plus ou moins réussites de sécession, généralement endogènes.
Si ces tentatives n'ont pas eu de conséquences effectives, le vaccin a sans doute fait son effet et diverses mesures préventives et officieuses auraient été adoptées. Parmi ces mesures, celle de morceler les grands États tels que:
- Goiás, désormais Goiás et Tocantis
- Mato Grosso, désormais Mato Grosso et Mato Grosso do Sul, et en partie le Rondônia
- Amazonas, désormais Amazonas ainsi que Roraima et en partie le Rondônia
Dès lors, le démembrement de ces États et le dessin de nouvelles frontière ne pouvait être que politique voire géopolitique. Pourquoi l'État d'Amazonas ne pourrait pas avoir une frontière avec la Bolivie? Ou plutôt, pourquoi faire garder cette frontière par des petits États comme le Rondônia et l'Acre?
Point de réponses, mais des hypothèses relevant d'une sorte de théorie du Containment/Endiguement à la brésilienne:
1) Mieux vaut faire garder les frontières par des États petits et maniables, plutôt qu'à un État grand et divisé
2) Heureuse conséquence historique: plus la perle du Brésil, l'Amazonie, sera entourée, moins elle sera vulnérable à une intrusion extérieure (syndrome de Cisplatine?)
3) Morceler les grands États morcèle également les tentatives sécessionnistes et/ou de rébellion, et d'autant plus si la mouvance est exogène
- Frontière France/Brésil, la Guyane "contenue" par l'Amapá?
La frontière entre le Brésil et la France se fait presqu'exactement avec la frontière entre la Guyane et l'Amapá. Cet État ci présente une excroissance qui fait que la Guyane française "manque" de peu la frontière avec le grand État du Pará.
Doit-on y voir de nouveau une application de la possible théorie du Containment présentée plus haut? Les Français auraient-ils jamais eu de vues sur le territoire aujoud'hui incarné par l'Amapá? Pensez-vous !
Pour terminer ce billet, mes hommages au Baron de Rio Branco, sans doute le plus grand personnage dans l'Histoire de la Géopolitique brésilienne.
Ouf, je passe la parole !
Salut !
RépondreSupprimerEst ce que tu es encore au Brésil?
COmment on fait pour te contacter?
Moi je suis actuellement a Piracicaba.
Bien a toi,
Sarah
Bonjour Sarah,
RépondreSupprimerOui je suis à São Paulo ville.
Tu peux me joindre par email:
florent guignard chez msn point com
Cdt,
Florent